Hannut: Deferm sans surprises

Le plateau du Rallye de Hannut 2010 était certes moins imposant quantitativement que l'an dernier, mais les pilotes qui s'étaient engagés étaient manifestement très motivés puisque quatre d'entre eux seulement (Guilmain, Decarme, Dalne et Boldo) ont déclaré forfait. 137 concurrents (46 en D4 et 91 en D1-2-3) ont donc pris le départ sous un ciel couvert mais sur un terrain sec.

Très variée avec son alternance de béton, d'asphalte, de pavés et de chemins de terre imposant de gros changements de rythme, la spéciale d'ouverture à Orp-Jauche a d'emblée fait de grosses différences. Le plus regrettable est que Stéphane Lhonnay y ait crevé deux pneus et laissé quelque 6 minutes dans l'aventure.

"Je ne sais pas où j'ai crevé," regrettait le Hutois. "Je suppose que j'ai été victime d'une crevaison lente car, dans un gauche rapide, la voiture n'a pas tourné et j'ai fait une grosse incursion dans un champ. Je suis heureux d'en être sorti sans dégâts. Pour le reste, je suis rassuré car le moteur fonctionne à nouveau très bien. Au départ, je m'étais dit que j'arrêterais après la 1ère boucle si tout allait bien mais maintenant que je suis là, je préfère continuer à m'amuser."

Stéphane n'aurait de toute façon pas pu inquiéter Hubert Deferm, qui survole logiquement les débats au volant de la seule WRC engagée. "Je mets un point d'honneur à assurer le spectacle," commente le paveur waremmien. "Cela m'a valu de faire une petite figure mais sans mal. Distrait par la foule présente, j'ai aussi raté un départ. Rien de grave... Je m'amuse."
 

Le regret, c'est que la péripétie de Lhonnay nous prive du duel espéré avec Alexandre Romain pour la 2ème place. Son "petit" budget l'obligeant à se contenter de pneus usagés, Jean-Yves Laruelle ne peut en effet pas suivre le rythme. Et le Hollandais Jonkers, 2ème en début de course, a été trahi dans l'ES 4, par le moteur de sa Mitsubishi survitaminée. "Quant à nous, nous avons eu une alerte dans la dernière spéciale," raconte Alexandre Romain. "A cause d'un câble de la tringlerie de boîte sectionné, nous étions privés de plusieurs rapports. Et à l'arrivée de la spéciale, nous avons en outre constaté que 3 goujons de roue avaient lâché. Nous l'avons donc échappé belle."

 

Derrière Deferm, Romain et Laruelle, Henri Schmelcher livrait une belle course pour placer sa Porsche GT3 en 4ème position devant les Mitsubishi Evo6 de Stefan Hermans, secondé par la novice Cindy Verbaeten, et Evo10 d'Yves Van Colen. Belles prestations surtout de Patrick Bourgeois et Jean-Michel Dumont qui placaient leurs tractions aux 11ème et 13ème rangs, au milieu de la meute de grosses cylindrées.

L' absence de suspense en D4 était compensée par celui qui règne en tête de la catégorie des pneus conventionnels. En début de course, ils étaient quatre à se tenir en 15". Mais Manu Bouts, leader avec 4" d'avance après deux spéciales, était trahi par le moteur de son Opel Astra dans l'ES 3. Et Cédric Clément, qui suivait bien le rythme avec sa Subaru, devait renoncer après avoir heurté un commissaire de route posté en pleine échappatoire. Touché au bras et à la tête, ce dernier a été hospitalisé mais ses jours ne sont pas en danger. Toute la communauté du rallye lui souhaite un prompt rétablissement.

 

Restaient Victor Dewaleffe (206 RC) et Eric Charlier (306 GTi), qui se tiraient une bourre pas possible, signant trois fois de suite le même chrono. A mi-course, Dewaleffe menait les débats avec 7" d'avance sur Charlier. Suivaient les Clio RS de Ringo Servais (satisfait de sa position) et Arnaud Dedouaire, puis la version moins évoluée du jeune Thibault Radoux, nettement en tête de la classe 6. Pour la 6ème place, on assistait à un beau duel de propulsions entre l'Opel Manta du néerlandophone Jan Jacobs et la BMW 325i de Sébastien François, chacun en tête de leur classe. Sur sa Skoda Felicia kit car, Francis Listrez aurait sans doute figuré sur le podium provisoire s'il n'avait perdu 1' sur crevaison dans l'ES 2. Au lieu de ça, il se retrouvait en lutte avec Bosseloir et Fernemont pour la tête de la classe 9.

Aux portes du Top 20, Julien Delleuse ("pour une fois épargné par les problèmes à Hannut") dominait légèrement la classe 5 devant Simon Destexhe, Laurent Mottet et l'originale Suzuki Swift Cup du jeune Polle Geusens. On notait aussi les belles prestations de Patrick Mattelé, leader de la D1 à la 22ème place et surtout de Benjamin Boseret, très beau 24ème avec sa petite Peugeot 106. Les sœurs Ancion avaient quant à elles perdu 2' sur crevaison dans l'ES1.

Hubert Deferm confirme et gagne !

Comme on pouvait s'y attendre, la 43ème édition du Rallye de Hannut a été remportée haut la main par Hubert Deferm et Laurent Dujacquier sur leur Subaru Impreza S10, le seule WRC engagée dans cette manche d'ouverture de la saison des rallyes ASAF. "Il est vrai que je n'ai pas rencontré beaucoup d'opposition mais mon seul but était de m'amuser dans cette épreuve que j'apprécie et ce fut totalement le cas," commentait le moustachu à l'arrivée. "Ce ne fut toutefois pas toujours très simple. La pluie qui a fait son apparition pour les trois dernières spéciales nous a surpris en pneus slicks. Résultat, nous avons effectué quelques figures de style bien involontaires."

Alexandre Romain s'est retrouvé tout aussi isolé à la 2ème place. "Il est vrai que nous avons un peu manqué d'opposition, mais le but de ma participation ici était de parfaire la prise en main de la Lancer EvoX avec laquelle je vais disputer le championnat de Belgique," conclut le filiforme Luxembourgeois. "Objectif atteint."

Les conditions météo de la fin de course ont en revanche quelque peu relancé le suspense pour la conquête de la 3ème place, Yves Van Colen, bien chaussé, tentant de profiter de la situation de Jean-Yves Laruelle, toujours en route avec ses slicks usés. Mais ce dernier conservait quand même une vingtaine de secondes de boni.

 

Derrière les autres Mitsubishi de Stefan Hermans et Patrick Clajot, la performance du jour est à mettre à l'actif de Jean-Michel Dumont, qui s'est offert une superbe 7ème place avec sa Citroën C2 1600cc en venant coiffer sur le fil la Clio R3 2000cc de Patrick Bourgeois. Juste derrière, Luc Lemmens remportait le classement des propulsions en devançant l'autre BMW d'Olivier Holtzheimer. Retardé de deux minutes par une crevaison dans la spéciale initiale, Stéphane Lhonnay échouait finalement aux portes du Top 10 devant la Porsche GT3 de Schmelcher, longtemps 4ème avant d'être ralenti par la pluie en fin de course, perdant surtout 3' dans la dernière spéciale.

Hélas, le palpitant suspense qui animait la Div.3 a tourné court quand Victor Dewaleffe a été stoppé par un bris de tringlerie de boîte de vitesses sur sa Peugeot 206 RC. Une voie royale s'ouvrait alors à Eric Charlier, qui imposait sa Peugeot 306 GTi avec 2'35" d'avance. "Dommage; la bagarre était amusante avec Victor, un ami," regrettait quand même le sympathique Eric. "C'est lui qui méritait la victoire car il était le plus rapide aujourd'hui. Nous avons été très prudents dans les trois dernières spéciales pour ne pas gaspiller l'occasion de triompher dans cette épreuve toujours très prisée."

Derrière, Arnaud Dedouaire terminait en force mais échouait quand même à une cinquantaine de secondes de Ringo Servais, beau 2ème sur sa Clio RS. Le plus époustouflant dans la finale était toutefois Francis Listrez, qui remontait à la 4ème place. Sans sa crevaison de l'ES 2 (1'), il serait monté sur le podium.

Belle prestation aussi du jeune Thibault Radoux; net dominateur de la classe 6, il s'intercale entre les grosses cylindrées de David Conard (R5 GT Turbo), Sébastien François (BMW M3) et Jan Jacobs (Opel Manta 2.4). La perte d'une bonne minute sur une erreur à trois spéciales de l'arrivée n'a rien changé à la 9ème place d'Olivier Renaud. Juste derrière, la lutte pour la dernière place dans le Top 10 a été chaude entre Didier Bosseloir et Adrian Fernemont. Pour leur sortie annuelle, et pour leur première course en C2, Karl s'Heeren et Fabrice Landeloos n'ont pas démérité non plus.

Une des prestations les plus louables est à mettre à l'actif de Julien Delleuse (Corsa), net vainqueur en classe 5 (devant Pierre Kaufmann, Simon Destexhe, Jean-Philippe Moes et l'originale Suzuki Swift Cup du jeune Polle Geusens) et dans le Challenge Bruno Thiry.

Enfin, on notera la belle course des meilleurs de la Div.1, Patrick Mattelé (27ème) et surtout de Benjamin Boseret, qui aurait dû remporter la Division s'il n'avait commis deux petites erreurs dans l'ES 11, comptant "double" suite à la neutralisation de 5.

Terminons en soulignant qu'un tiers seulement des 137 concurrents a abandonné.

Texte: Vincent Franssen
Photos: Jérôme Deskeuvre